"Meet me at Harrod's, have some shopping to do!" [ft Vladislav]

Il avait accueilli le baiser de la jeune femme avec la certitude qu’ils n’allaient pas s’attarder. Mais le sadisme féminin était l’une des choses auxquelles le jeune homme avait appris à se plier. Une femme était plus complexe que le plus complexe des théorèmes de mathématiques du monde. Et si faire du shopping était le vœu de Madame, lui n’avait qu’à s’y plier, sous peine de ne pas parvenir à ses fins avant très, très longtemps. Or, si il « fréquentait » Jazz, c’était parce que la jeune femme n’était pas du genre à être une prise de tête. Elle ne lui faisait aucune crise de jalousie, ne lui hurlait pas dessus à chaque multiples fois ou il était en retard et les rares faveurs qu’elle lui demandaient n’étaient pas la mer à boire. Et si passer une durée indéterminée dans un lieu des plus barbants pour le jeune homme pouvait passer pour un sacrifice, il savait qu’au final, il ne le regretterait pas, car la jeune interne savait toujours comment le remercier.

Mais partir en quête de chaussures risquait d’être chose beaucoup compliquée que de rassurer une femme sur ses attributs physiques. Sérieusement, le jeune homme n’y connaissait rien. Entre une paire de bottes en caoutchouc, et une paire d’escarpins, il y avait certes une différences esthétique, mais sérieusement, des chaussures étaient des chaussures, non?
Certes, mais pour ne pas avoir à se préoccuper de ce genre de détails à deux balles, encore aurait-il fallu qu’il s’exile au milieu de la campagne anglaise, dans un village ou vaches et brebis étaient les maîtres, et non pas au cœur de la capitale d’un pays si prestigieux. Enfin, ça lui donnerait l’occasion d’enrichir ses connaissances et le jeune homme ne disait jamais non en ce qui concernait les méthodes pouvant l’emmener droit dans le lit d’une femme… Si savoir reconnaître une paire de chaussures idéales faisait partie de sa mission il relèverait le défi!

« Ok »

Répondit-il de ce vocabulaire si peu recherché qu’il affectionnait tant.

« Que penses-tu de la robe? »

Quelle robe? Celle sur laquelle ses doigts glissaient actuellement? Il était vrai qu’au toucher, elle était particulièrement agréable. Soyeuse, elle permettait aux mains de Vlad de sentir les hanches, le ventre parfait de la jeune femme.

« Pas mal… » murmura-t-il. Évidemment, ce morceau de tissu lui donnait des pensées plus lubriques qu’esthétiques, mais il comptait bien sur Jazz pour ne pas s’en formaliser.
Mais pas de temps à perdre, si il se devait de trouver des chaussures. Après un clin d’œil adressé à la jeune femme, il s’éloigna d’un pas nonchalant, avec deux questions cruciales en tête : où était situé le rayon chaussures, et à quoi diable ressemblaient des escarpins.

Mains dans les poches, il ne fallut pas beaucoup de temps avant qu’il ne se fasse aborder par une vendeuse zélée :

« Je peux vous aider monsieur? » battit-elle des cils. Vladislav détestait les vendeuses des grands magasins. Oh, rien de personnel, lui-même étant vendeur. Sauf qu’au contraire de sa personne, qui attendait tranquillement que le ou la cliente se décide à poser une question, les employés de ce type d’endroits vous sautaient dessus à chaque fois qu’elles croyaient que vous n’alliez pas acheter. Ou alors qu’elles vous pensaient trop stupide pour savoir ce que vous vouliez. Bon, certes, dans ce cas précis, Vladislav ne savait absolument pas ce qu’il voulait exactement.

« Oui, je cherche une paire de chaussures, escarpins, noirs en taille 39 ».

Allez savoir pourquoi, mais la demoiselle eut un moment d’hésitation, allant jusqu’à baisser un regard qu’elle pensa discret jusqu’au pieds de Vlad qui, chaussant un bon 44 portait de plus une paire de basket des plus disgracieuses sur le sol boisé du magasin.

« Pour une amie» se sentit-il obligé d’ajouter, avec une ombre de sourire.
« Suivez moi, je vous prie ».

Quelques minutes plus tard, le jeune homme se retrouvait devant la plus grande quantité de chaussures qu’il avait vues de son existance. Le moins que l’on pouvait dire était que cet endroit n’était pas avare en chaussures féminines et même lorsqu’on mettait à part bottes, mocassins, ballerines, et tous les escarpins qui n’étaient pas noirs. Sans compter les talons : il y en avait de toutes les hauteurs. En clair : Vlad était mal barré.

« Hum, je… Lesquels préférez vous?» demanda-t-il sagement à la vendeuse, qui après un petit rire, lui désigna une paire discrète, au talon acceptable, qu’elle qualifiait de « confortables ».

« Elles ne sont pas trop… Brillantes?»
« Non, je vous assure que ça ira! De toutes manières, si elles ne sont pas du goût de votre amie, vous pourrez toujours les rapporter! »

Certes, mais si Jazz ne les aimait pas, il ne lui serait pas garanti l’accès à la seconde partie de son après-midi, chose qui ne s’avérerait pas des plus réjouissante. En effet, si Vladislav aimait passer du temps avec Jazz et l’écouter raconter les épisodes de son existence, il préférait mieux le faire entre deux draps après le sexe, qu’autour d’une tasse de café dans un lieu public et barbant.

« Et celles-là, alors?» questionna-t-il un quart d’heure plus tard, en désignant une autre paire?
Bon, en plus de ses motivations actuelles, il fallait avouer que Vlad était plutôt perfectionniste, lorsqu’il s’y mettait.