Shout my name, be my game [ Leyhann ]

Ce soir là, Ava était d’une humeur exécrable .. La veille, la jeune Ecossaise qui n’avait décidemment pas froid aux yeux avait approché un magnat de la finance londonienne qu’elle avait repéré quelques jours plus tôt . Les hommes riches se complaisent dans leurs habitudes et aiment fréquenter les mêmes endroits allez savoir pourquoi ils s’y sentent importants, imposants même . Plusieurs fois Ava lui avait laissé l’illusion qu’elle n’attendait qu’un signe de lui pour lui tenir compagnie à sa table au casino le plus huppé de Londres . Des regards insistantes en tournant langoureusement son olive verte dans son mojito, des battements de cils fuguaces et encore quelques gestes furtifs qui pourtant veulent en dire longs . Même lorsqu’ils respirent le mensonge comme c’était toujours le cas de la part d’Ava .. Pendant deux heures durant elle avait hypnotisé Mister Ranleigh et la jeune femme faisait preuve d’une tendresse à vomir envers ce quadragénaire bel homme bien que ennuyant au possible . Bonne actrice, Ava en avait tout de même assez de flirter au lieu de passer aux choses sérieuses et d’être sure de repartir avec un bon gagne-pain comme on dit en langage vulgaire . La nuit avait été courte et Mister Ranleigh ronflait comme un ours mal léché à présent, déjà réveillée depuis un moment Ava le regardait avec dégoût en oubliant rapidement leurs ébats précédents, c’était de l’instant présent dont elle devait s’occuper . Car c’était ainsi qu’elle gagnait sa vie .. En quelques minutes , à pas aussi légers qu’un elfe, Ava avait déjà dérobé une broche en or et émeraudes,une petite sculpture Bouddha en jaspe vert et un peu d’argenterie qui semblait ancienne . C’était ca la méthode Wrath : Charmer avec justesse, coucher jusqu’à l’épuisement de la proie et profiter de son sommeil pour laisser libre cours à sa kleptomanie . Voler peu mais voler juste était primordial aussi un petit bijou oublié de madame par ci, un objet rare mais qui rentre facilement dans le sac d’Ava et le tour était joué pour qu’elle puisse vivre tranquille et avec luxure les jours à venir .

Avant de partir du domaine, Ava avait néanmoins grassement payé le majordome pour qu’il feigne un malaise intestinal de la jeune femme pour justifier son départ précipité . Aucune adresse, aucun numéro de téléphone donnés et l’Ecossaise partait libre comme l’air et l’argent pleins les poches . Rentrée aux aurores, elle s’était préparée un café court, sans sucre pour se rebooster , en vain .. Le teint livide, Ava s’effondra dans son lit aux draps froissés et somnola pendant de longues heures où son quotidien malsain disparaissait quelques instants . A se croire invincible, Ava en avait oublié qu’elle était humaine et que manger et dormir était nécessaire pour celle qui considérait ces deux choses comme des pertes de temps flagrantes . La soudaine fragilité de la jeune femme ne dura qu’un court instant, apparemment les marteaux piqueurs du chantier d’à côté avait décidé que le jour où Ava Wrath profiterait d’un instant simple et sans calcul n’était pas encore venu . Reveillée en sursaut et déjà exaspérée comme jamais, l’Ecossaise partit comme une furie dans le mini-bar de sa chambre d’hôtel et en sortit une bouteille de gin qu’elle ballarda de plein fouet sur le chantier où ls éclats de verre effrayèrent les ouvriers . Toujours pas calmée par sa fureur maladive, Ava se dirigea vers le tiroir de sa commode où elle vola une allumette de son paquet et la craqua pour sourire encore et toujours à la lueur de la flamme . Sans aucune reflexion préalable elle jeta avec dédain l’allumette enflammée afin qu’elle puisse mettre le jeu à l’alcool répandu sur le chantier . Un feu de joie comme les aimer Ava .. De son faux nom Miss Monroe elle ne serait pas inquiétée par ces ouvriers qui gueulaient comme des cons , elle était une cliente privilégiée de l’hôtel où elle résidait depuis voilà trois mois . Alors bien évidemment qu’elle passerait avant eux malgré son délit passager pensa t-elle en soupirant avec orgueil .

Mais il en fallait plus pour calmer les pulsions destructrices de l’Ecossaise lorsqu’elle est une boule de nerfs comme ca . C’était décidé : Ce soir quelqu'un payerait pour son réveil difficile . Pourquoi ? Parce que . Pas suffisant pour vous ? Ava s’en fichait éperdument . Sur un fond de Tchaekovski, elle déambulait dans sa salle de bains cherchant de quoi masquer ses cernes et sa mine blafarde car malgré qu’elle ne soit pas de « chasse « ce soir, elle tenait à paraître toujours élégante quitte à rentrer seule . Seule, c’était ce qu’elle préférait de toute façon . Plus les minutes s’écoulaient plus Ava réfléchissait aux possibles opportunités qui s’ouvraient à elle, le regard envahi par le vice . Elle pourrait rendre visite à Vlasi Kuznestov et lui faire payer sa mysogynie dégoutante, ou encore aller pourrir la soirée de Sasha Sullivan au casino .. Mais au nom de Sasha un autre bien plus doux lui vint à l’oreille . « Leyhann » répéta t-elle le sourire en coin. Oui c’était parfait pour ce soir, pour pouvoir se défouler sans limites jusqu’à ce que ses envies macabres laissent son esprit étrique tranquille pour quelques instants . Tandis qu’elle songeait à cette silhouette gracieuse et à ce visage aussi angélique qu’inspirant de la pitié, Ava avait revêtu sa robe de soie verte et son manteau en fourreau beige pour ne pas éveiller les soupçons sur ses réelles intentions lorsqu’elle aguicherait Leyhann sur le trottoir . Les cheveux dressés en chignon serrée pour laisser place à son visage aussi diaphane que ferme, Ava s’engouffra dans un taxi qui la déposa près de la Wilfried Road, lieu de prédilection de beaucoup de prostituées où la jeune femme n’aura aucun mal à reconnaître l’innonence de Leyhann entre toutes ces femmes décharnées et répugnantes .
Après avoir parcouru quelques dizaines de mètres en faisant claquer fièrement ses talons sur le pavé et sans adresser un quelconque regard aux prostituées présentes, Ava aperçut enfin celle qui l’amuserait pour la soirée . De son regard placide, l’ Ecossaise admirait sa proie peinant à se tenir correctement sur les espèces d’escarpins-échasses que son maquereau devait lui avoir filer .

Ava : Leyhann . Au pied . martela t-elle de sa voix à la fois autoritaire et sirupeuse . Tu ne voudrais pas que je me fâche hein mon ange .. rajouta t-elle en caressant la joue de Leyhann avec son index dont la bague au bout pointu entailla la chair avec un plaisir malsain .

Comme tous les soirs, Leyhann répétait le même déhanché, les mêmes expressions, les mêmes paroles. Ce soir s'était lui qui se l'offrait pour la nuit. Un homme mature, trop bien habillé, un peu trop classe pour fréquenter ses lieux sordides... Peut-être un peu trop seul aussi. Il ne l'avait pas interpellé, elle était venue à lui, telle une mendiante. La jeune femme avait grimpé dans la belle voiture submergée par l'odeur du cuir, d'un parfum d'homme et de nicotine. L'homme lui avait rapidement susurré quelques jolis mots dans le creux de l'oreille, elle avait senti son souffle chaud parcourir sa peau froide, sa joue. Il avait commencé en déposant un baiser sur son coup, sa peau rugueuse avait effleuré la sienne, beaucoup plus douce. Il l'avait laissé balader ses grandes mains sur son corps de jeune femme. Leyhann était restée silencieuse, ne laissant que sa respiration bruyante, saccadée se mélanger à celui de l'homme. La chaleur montait rapidement, les gestes se faisaient plus intenses. Ça lui plaisait et elle, elle détestait. Tout simplement. Leyhann n'avait qu'une hâte sortir de cette auto avec cette somme d'argent qui l'avait motivé. L'homme avait terminé, mais il avait exigé un dernier baiser de l'enfant, comme il avait dit, pour qu'elle ai droit à son argent. Elle avait d'abord attrapé la liasse de billet qu'il exhibait sous son nez avant de lui offrir ce dernier baiser. Ils s'étaient salués puis s'étaient séparés. Lui restant au chaud dans sa belle automobile, elle en sortant du véhicule pour affronter le froid. Un agréable coup de vent l'avait accueilli, la rafraichissant, refroidissant sa peau brûlante, son corps si chaud. Et la voiture démarrait tandis qu'elle se retrouvait seule, au milieu de cette ruelle sale et sombre, où la mauvaise odeur régnait. L'anglaise remonta lentement la rue pour passer devant la boîte de nuit la huppée de Londres ses temps-ci. Elle remarqua un tas de filles adossées contre les parois de la discothèque et elle la remarqua, si belle dans ses habits de reine. Leyhann resta immobile, la regardant avancer de quelques mètres avant d'aboyer son nom comme un maître le ferait pour appeler son chien. L'adolescente rappliqua le plus rapidement possible à ses pieds, tout en peinant pour mieux se tenir sur ses hauts talons.

AVA : « Leyhann. Au pied. »

La reine avait vraiment fait le déplacement jusque ici pour lui ordonner de venir avec elle ? Ce n'était pas tellement une fausse joie, Leyhann savait qu'Ava profiterait d'elle. Mais qu'importe ? Tant que la souillée parvenait à admirer les traits de ce si beau visage, tant qu'elle arrivait à humer cet agréable parfum. Le venin qu'elle risquait de lui vomir en pleine face ne serait pas plus important, de plus, Leyhann commençait à avoir l'habitude des souffrances qu'elle passait son temps à lui infliger. Telle une esclave, Leyhann continuerait de baiser les pieds de sa majesté tandis que le fouet de la reine chaufferait son dos, son corps déjà bien abimé par ses nombreux jeux violents. Miss Ferguson, peut-être une aveugle, peut-être une masochiste, peut-être une folle. Il n'y avait vraiment rien à faire, elle restera toujours derrière Ava, à exécuter ses ordres, à se soumettre. Aussi fidèle qu'un chien envers son maître, aussi obéissante qu'un esclave envers son roi. Ordonnez, Leyhann sera toujours là pour exécuter. Ô disciple de Satan, vous devriez être fière d'avoir une aussi niaise collé à vos basques. Et déjà, la belle commença sa torture. Caressant du bout de son index la joue de la jeune fille, elle ne se gêna pas non plus pour l'entailler à l'aide de l'extrémité pointue de sa bague. Layhann n'avait pas bronché, aucun gémissement, rien. Encaisser les coups durs sans jamais se plaindre, c'était bien ca qu'il fallait faire non ? Alors, Ley' faisait ! Elle secoua aussi la tête négativement. Non, elle ne voulait pas qu'Ava se fâche. Elle n'était plus si belle énervée et puis... Elle faisait vraiment trop mal, beaucoup trop mal quand elle était en colère. La prostituée croisa le regard froid de sa maîtresse puis le détourna aussitôt, préférant examiner les dalles qui composaient le sol de la rue. Puis l'adolescente releva aussitôt les yeux et demanda, elle posa sa question telle une enfant qui veut savoir, telle une enfant curieuse.

LEYHANN : « Pourquoi tu es venue jusque ici ? Tu voulais ... »

« Tu voulais me voir ?» Elle crevait d'envie de lui demander, mais bien evidemment qu'Ava n'était pas là pour elle alors à quoi bon risquer de poser la question ? Ferguson craignait toujours les réactions de sa reine Wrath. Qu'importe les mots qu'on employait, qu'importe la question qu'on posait, Leyhann ne savait jamais si elle allait réagir brusquement ou tout simplement répondre comme une personne normale le ferait. Elle ne savait pas si elle aurait droit au bout pointu de sa bague plantée dans la joue, ou si elle aurait une simple réponse. Instinctivement, la jeune femme préféra se décaler de quelques pas, même si cela n'allait pas tellement servir à grand-chose. Elle savait qu'elle passerait la soirée auprès de miss Monroe, à lui servir de bouc émissaire. Qu'est ce qu'on serait près à faire... Seulement par amour !

Edit Isaac : Grr..

La vertu de Leyhann éblouissait chaque pavé de la rue, malgré la souillure des talons crasseux portés par les autres prostituées ou encore les râles bestiaux s'échappant des voitures où les clients faisaient leurs affaires le plus rapidement possible . L'adolescente chétive rayonnait par sa fragilité à se demander ce qu'elle foutait dans un des lieux les plus insalubres de Londres .. Ava , elle ,savait en revanche pourquoi elle était là, à cet instant, à scruter avidement les gestes hésitants de Leyhann à son encontre, s' abreuvant délicieusement de la peur qu'elle lui inspirait . Oh oui ce soir Ava allait s'amuser .. Emmitouflée dans son manteau d'hiver, l'Ecossaise admirait les jambes chancelantes et fuselées de sa poupée de chiffon , prête à l'ensorceler de ses attentions charnelles avant de mieux la soumettre à toutes ces pulsions macabres qui l'habitait depuis quelques heures . Loin d’être fascinée par cette prostituée de bas étage, Ava jouissait néanmoins de la vulnérabilité de sa proie . Non pas parce qu’elle pouvait user et abuser d’elle à sa guise mais parce que c’est toujours des âmes esseulées que vient le plus grand des dangers . La fonction première de Leyhann était certes de servir de défouloir à l’esprit exigu de l’Ecossaise, assoiffée de luxure, mais un peu de surprise était le bienvenu dans leur relation dépravée ..

Alors que ses papilles frissonnaient en admirant le filet de sang que sa bague avait laissé sur la joue de Leyhann , Ava faisait perdurer son silence pour torturer les attentes de la prostituée . Elle était ..pathétique à souhait . S’amuserait-elle à lui faire croire qu’elle était tout à ses yeux pour mieux l’asservir dans l’intimité ou bien resserrerait-elle autour du cou de Leyhann ses griffes acérées pour lui ôter tout doute sur la relation purement maîtresse/esclave qu’elles entretenaient aux yeux de l’Ecossaise ? C’est tout en réfléchissant libidineusement à ce dilemme qu’Ava continuait d’enraciner ses prunelles brillantes dans l’obscurité de celles de sa victime fluette . Autant la mine apeurée de Leyhann en aurait apitoyé plus d’un autant elle révulsait Ava , si prompte à brandir le drapeau sanguinolent de la barbarie et de l’orgueil qui allait avec . Finalement désireuse d’imposer dès le premier échange une discipline martiale la jeune femme profita que le croissant de lune éclaire si peu la ruelle pour gifler du revers de sa main la joue pas encore meurtrie de Leyhann .

Qui t’as donné l’ordre de parler ! vociféra t-elle d’un ton toutefois doux et plaisant . Je parle tu executes ..pourquoi changer ce système qui nous sied si bien . Hein mon ange ? siffla t-elle plus calme en caressant du bout des doigts le visage angélique de son martyr .

Ainsi à l‘avenir elle éviterait à Leyhann de se tourmenter pour une question aussi inutile qu’ inenvisageable . C’était pour son bien voilà tout . D’accord c’était juste pour l’envie violente d’Ava de voir se décomposer la mine blafarde de Leyhann sous la clarté céleste de la lune . Le malheur des uns faisaient le bonheur des autres ce n’est pas Ava qui avait inventé cela alors pourquoi lui reprocherait-on d’appliquer un dicton tant de fois évoqués dans le Monde entier ? Les hommes étaient d’une mauvaise foi et d’une contradiction si manifestes qu’Ava aurait eu vite fait de leur cracher au visage son venin . Pour pallier à cette solution qui lui prendrait trop de son temps précieux l’Ecossaise avait donc choisi d’appliquer tous les proverbes qui avaient le dégoût des mœurs . Et Leyhann semblait être prédestinée à endosser le rôle de cobaye pour la plupart des expériences sordides auxquelles Ava comptait se livrer les joursà venir . A un c’est bien mais à deux c’est tellement mieux ..non ?

Le regard affamé telle la louve en quête de gibier et prête à charger l’assaut, l’Ecossaise fit un signe au chauffeur de taxi afin qu’il se rapproche aisément des deux silhouettes . Il arriva en grondant comme le prédateur savourant son râle avant de passer à l’attaque et comme l’avait souhaité Ava il se fichait bien de bousculer au passage les autres prostituées du coin avec son capot flamboyant . Decidemment Ava l’avait grassement payé..ou bien lui avait promis une gâterie à laquelle peu d’hommes résisteraient. Quoiqu’il en soit Ava reposa furtivement ses iris ardents sur Leyhann, la capturant ainsi pour qu’elle n’aie aucune échappatoire à son emprise diabolique .

Et si on allait dans notre alcôve pour meux ..mieux nous apprendre ma douce et tendre Leyhann ? lui demanda t-elle les lèvres entrouvertes . Tu ne saurais pas me dire non pas vrai ..

C’est donc adossée au capot du taxi rutilant qu’Ava jaugeait Leyhann du regard tout en ajoutant sa petite touche féline qui ne manquerait pas de faire mouche . Subtilement elle effleurait déjà de sa cheville les sens de sa favorite pour mieux faire céder son envie de se protéger du Mal, de ne pas mordre à pleines dents dans le pêché..

La patience a ses vertus mais tu sais que la mienne a également ses limites ..ajouta t’elle plus lascivement en fixant Leyhann de son regard insoumis .

Depuis qu'elle avait croisé son regard, un soir, elle n'avait jamais su s'en détacher. Leyhann lui avait promise une totale soumission, elle était son pantin, sa poupée de chiffon, son jouet préféré. Elle en souffrait, mais assumait totalement ce rôle. Il n'y avait rien d'autre de plus fou que de vouloir obéir à Ava, d'être son esclave, de l'avoir pour reine. C'était le côté masochiste de l'amour, une agréable souffrance. Même si grâce à ses talons Leyhann s'élevait à la même hauteur que sa maîtresse, elle se faisait petite, elle baissait les yeux, tremblait de peur et de froid devant Ava. Elle n'osa même pas essuyer le filet de sang qui venait de couler sur sa joue pâle et froide, elle savait que la vue de ce liquide rouge plaisait à Miss Wrath alors pourquoi la privée de ce petit bonheur et risquer de se faire battre ?

Quand la fille des bas fond releva ses billes clairs pour fixer le regard intimidant de Satan, elle eu le courage de parler, de poser sa piètre question. Leyhann se coupa elle-même et c'est une violente gifle qu'elle eu en guise de réponse. Une gifle qui lui avait brutalement réchauffer la joue, qui avait fait briller ses yeux grâce à des larmes naissantes qu'elle retenait du mieux qu'elle pouvait. Leyhann ne voulait pas pleurer, elle voulait résister encore un peu. Et puis ce qu'Ava lui avait réservé pour le reste de la soirée risquait d'être beaucoup plus violent que cette simple gifle. Et voilà qu'après seulement quelques secondes passées en sa compagnie, la catin en ressortait déjà avec une joue recouverte de sang et l'autre complètement rouge et brûlante. L'enfant restait raide, la tête baissée, en attendant que le ciel lui tombe dessus, en attendant sa punition pour être restée aussi silencieuse, pour avoir baissé la tête alors que la reine voulait voir son visage, pour ne pas avoir pleuré. Elle ne savait pas, toutes les excuses étaient bonnes pour se faire châtier. Oui, Leyhann lui servait sa dignité sur un plateau d'argent, en offrande.

Voilà pourquoi Leyhann restait, parce-qu'après l'effort, venait parfois le réconfort. Vous n'imaginez même pas ce qu'elle pouvait éprouver en sentant cette peau si douce, si propre, cette main caresser sa joue sale et douloureuse. Tant d'hommes l'avaient touché, avait profité de son corps, mais quand Ava s'y mettait, elle se sentait gênée, elle avait aussi très peur de faire frapper (Ava est imprévisible), mais ne voulait pas quitter cette douce peau, cette agréable sensation qui ne durait jamais trop longtemps. Cela ne restait qu'un simple effleurement de joue. Simple geste qui mettait Leyh' dans tous ses états. Pathétique enfant ! Tu ferais mieux de courir avant que le loup ne te mange tout cru !
Un taxi s'engagea dans la rue, forçant certaines filles à se dégager du chemin, à se coller contre les murs. La voiture s'arrêta devant Ava, le carrosse de Madame était arrivé. La voix majestueusement de la cruelle femme s'éleva et Leyhann hocha la tête positivement, Miss Wrath avait toujours raison, Leyhann ne donnait plus son avis, elle ne faisait qu'approuver. Elle posa ses fins doigts sur la poignée de la portière et tira dessus pour l'ouvrir.

« Je n'oserais jamais. »

Quand on appartenait à une personne aussi abominable, qu'on on était fait esclave, qu'on était le souffre-douleur favoris de cette personne, on évitait de la contre-dire au risque de s'attirer ses foudres. Mais Leyhann ne pensait jamais à contester sa maîtresse, elle n'y arrivait jamais, constamment sous le charme de cette voie tantôt sensuelle et douce, tantôt violente qui la privait de tous les droits. L'adolescente ne s'en plaignait jamais. Elle exécutait comme Ava l'avait si bien aboyait tout à l'heure.

« Après vous. »

Dit-elle en montrant l'intérieur du taxi. Le son des talons de la libertine résonnèrent contre le pavé sale de cette maudite rue puis le silence, elle pénétra dans la voiture, son modeste carrosse. Plus rien n'existait autour d'elle, il n'y avait plus qu'Ava, Ava et encore Ava. Les prostituées n'étaient plus là, les râles graves des hommes non plus, et le moteur était si silencieux et la boite de nuit derrière devait être vide. Hypnotisée par cette beauté, ce danger, l'enfant s'était enfermée dans une petite bulle qui n'englobait qu'elle et sa déesse, rien d'autre. Et pourtant, la pauvre s'arrangeait pour entretenir une certaine distance entre elles.

Leyhann s'engagea après elle, refermant la portière après s'être assise sur la banquette. Elles étaient si proches l'une de l'autre dans cette voiture, l'agréable odeur d'Ava envahissait peu à peu son espace, l'automobile toute entière. L'anglaise se tenait loin d'elle, crispée, collée contre la portière. Mais ici, même en compagnie de la réincarnation du diable, elle se sentait bien, elle se sentait à l'abri, Leyhann n'avait plus si froid et aucun homme ne viendrait la payer pour avoir droit à quelques gâteries que leurs femmes ne pouvaient ou ne voulaient plus leurs offrir. Ce soir elle appartenait seulement à Ava et c'était mieux que tout le reste.