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 It's a new day and I'm feeling good [Iseult]

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Manzo C. Wooler
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Manzo C. Wooler


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MessageSujet: It's a new day and I'm feeling good [Iseult]   It's a new day and I'm feeling good [Iseult] EmptyMer 2 Déc - 3:08


La beauté n’est qu’un fantasme.
Pour preuve, je n’ai jamais été beau!


Une toile de fond blanche et une chaise. Un pied glissé dans une chaussure à talon aiguille noire et posé sur cette chaise. Une jambe, longue et fine, sans aucun défaut. Ni cellulite, ni vergetures, ni la moindre trace de graisse. Le teint halé, la peau semble totalement ferme. On pourrait presque croire qu’en effleurant le papier on serait capable de ressentir la douceur dont semble être dotée cette jambe et ces hanches. Même ce ventre est tout à fait plat. Quelques traces de côtes. Une forte poitrine ronde à la perfection - c’est à se demander si elle est vraie - et une nuque creuse. Des lèvres pulpeuses et entrouvertes, un petit nez en trompette, puis des yeux en amande qui vous lancent un regard ténébreux. Ses longs cheveux bruns – brillants et soyeux bien évidemment - et ondulés glissent jusque sur ses fines épaules et l’une de ses mains vient se poser à l’arrière de sa tête.

Il sourit en coin.


Qu’est-ce que c’est que cette image?

Manzo parle avec lui-même à travers quelques murmures que personne d’autre n’est censé entendre. Pourtant un jeune homme qui se trouve à seulement quelques mètres se tourne vers lui en haussant les sourcils, un magazine de sport entre les mains. Le quarantenaire se met à rire discrètement et observe son voisin avant d’ouvrir plus largement son magazine et de le faire pivoter de façon à ce que le type à côté de lui puisse voir à son tour la photo.

Vous croyez franchement que cette nana puisse être aussi parfaite? Je parie qu’elle a de la cellulite sans le maquillage et les retouches photos!

Il rit de nouveau, mais cette fois-ci un peu plus fort. L’autre gars arque cette fois-ci les sourcils et le regarde comme s’il était fou, silencieux. Il ne sait probablement pas quoi répondre. Peut-être qu’il la trouve belle, lui, cette femme-objet qui ressemblerait bientôt à une poupée gonflable. Manzo referme brusquement le magazine puis le remet tranquillement à sa place, dans le rayon musique. Il regarde le jeune homme avec son petit air amusé. Celui-ci semble assez niais, il faut l’avouer.

Je ne vois vraiment pas ce qu’elle vient foutre dans un magazine de musique…

Son ton est brusquement devenu plus froid tandis qu’il continue de sourire. Il y a desfois où Manzo fait véritablement peur, tout de même. Par ailleurs son voisin commence à le regarder de plus en plus bizarrement puis finalement, il décide de se remettre à la lecture de son gentil magazine de sport. Il doit avoir peur, ou alors il se dit que ça ne sert à rien de prêter attention à des fous comme Manzo. Nan mais franchement, quelle idée de montrer la photo d’une femme en sous-vêtements qui pose sensuellement avec une guitare si c’est pour lui reprocher sa perfection? C’est vrai, ici les trois quarts des femmes de la population rêveraient d’être belles et parfaites…

Enzo jette un dernier regard à son « interlocuteur » puis quitte le kiosque. Décidemment, de nos jours les gens sont vraiment trop snobs. Heureusement que les clients de son magasin ne sont pas comme ça. Enfin, pas tous. Bien sûr il y a toujours des types hasardeux qui passent quelques fois au Musical Magic Hall sans imaginer qu’ils pénètrent dans un antre des moins habituelle et qui, il ne faut pas en douter, en ressortent vite. Disons que le magasin est quelque peu à l’image de son propriétaire, voire aussi de ses employés.


La nuit a commencé à tomber sur Londres. L’hiver se fait de plus en plus ressentir et on est obligé de se vêtir de manteaux pour ne pas crever de froid dehors. Manzo déteste les manteaux. Il se sent toujours comme étouffé quand il en porte, alors il s’abstient de ses vestes noires même par très mauvais temps. Les mains dans les poches pour éviter que ses doigts ne gèlent, il souffle puis rentre son menton dans sa grande écharpe. Il doit faire à peine dix degrés aujourd’hui. Ses yeux se rivent sur les enseignes de Camden Town. Les boutiques ne tarderont plus à fermer vu l’heure. En Angleterre, on ferme par ailleurs assez tôt les portes. Manzo a déjà quitté son magasin depuis quelques bonnes minutes à présent. Il a laissé les clés à l’un de ses employés auquel il fait confiance pour fermer boutique quand l’heure serait venue. En général c’est un patron plutôt cool et qui ne se prend pas la tête, néanmoins tant qu’on ne le cherche pas.

La rue commence peu à peu à se vider, tout juste illuminée par les lampadaires. Manzo continue de marcher, tranquillement. Il observe maintenant l’esthétique des enseignes des magasins, et non seulement leurs noms. Finalement, celle du Musical Magic Hall n’est pas si mal - au niveau esthétique - lorsqu’il la compare à certaines. Quand il y pense, il se met par ailleurs à légèrement rire sous son écharpe. Parfois il y a des noms vraiment stupides, et pourtant ça ne fait pas fuir le client. Pour preuve qu’une enseigne n’est pas ce qui est le plus important. Ce n’est pas comme la décoration intérieure du magasin qui elle, cependant, donnera plus ou moins envie d’entrer. Après il y a les vendeurs et conseillers, bien sûr. Mais là, tout dépend du fait qu’ils soient agréables ou non avec le client en plus d’être calés dans leur domaine. Et en parlant de ça, Manzo se mit brusquement à penser à la libraire du Harlow’s Relics tandis qu’il passait devant le magasin. D’ailleurs, il s’arrêta devant.

Caché sous son épaisse écharpe, un bref sourire se dessina sur les lèvres de notre homme. Il se plaça devant la vitrine puis observa à travers. Harlow’s Relics semblait toujours ouvert et il y avait encore quelques clients à l’intérieur. Y avait-il cette petite brune aujourd’hui encore? Il se pencha sur sa droite, bien indiscret, se foutant éperdument de la vieille dame qui l’observait avec un drôle d’air. Il se décala, sur sa droite encore une fois, et là, il pu apercevoir sa pauvre victime - enfin victime, c’est un bien grand mot, Manzo n’est pas non plus Jack l’Éventreur! Quel régal! Il allait pouvoir finir sa journée en beauté, et ça même s’il se prenait une paire de claques!

Notre homme pénétra dans la librairie. Les quelques gens - c’est-à-dire deux pauvres personnes - se tournèrent vers lui pour observer le nouvel arrivant. Quelle bande de curieux. Bon, avouons-le, Manzo en fait de même lorsqu’un client entre dans son magasin. Il se mit à déambuler entre les rayons tandis que les deux autres cessèrent de le suivre du regard, à la recherche des
Fleurs du Mal de Baudelaire, histoire de gagner du temps en attendant que les autres clients quittent bientôt la librairie. Ce recueil de poèmes était le préféré du quarantenaire. Il l’avait lu lorsqu’il avait encore tout juste une vingtaine d’année et en était presque tombé éperdument amoureux. La façon dont Baudelaire traitait des thèmes de ses poèmes, allant du vin aux femmes, ça l’avait toujours séduit. S’il aurait su écrire aussi bien que cet homme, qui sait si Manzo serait aujourd’hui un poète plutôt qu’un vendeur dans un magasin de musique?

Manzo, suivant son petit chemin invisible, dériva soudain sur la gauche. Il frôla un rayon, manquant de faire tomber quelques livres, puis continua tranquillement sa « visite ». On ne pouvait pas dire qu’il était très discret. Il observa quelques couvertures et survola quelques pages. Au bout d’à peine une à deux minutes et à son grand bonheur, la vieille femme quitta Harlow’s Relics. Il ne restait plus que l’étudiant. Bon, tant pis. Il était trop impatient et impulsif pour attendre encore un peu plus… Notre homme traversa quelques rayons, à la recherche de la petite libraire taciturne. Un puis deux virages, et elle fut là. Magic! Quelques pas - lents malgré son empressement – et il arriva à tout juste un mètre d’elle. Manzo se mit à tousser.


Bon alors, qu’est-ce qu’on allait avoir aujourd’hui? Encore un de ces petits mauvais airs ou bien un renvoi direct? À moins qu’elle l’ait déjà oublié…
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Iseult C. Burton
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MessageSujet: Re: It's a new day and I'm feeling good [Iseult]   It's a new day and I'm feeling good [Iseult] EmptyDim 6 Déc - 20:51

    Une journée comme tant d'autres dans la ville de Londres. Des températures de cessant de chuter comme pour annoncer l'hiver qui pourtant tardait à montrer le bout de son nez. Et cette brume si typique. Depuis quatre ans qu'elle y vivait, Iseult avait fini par s'y sentir chez elle. Pourtant, rien n'était moins sûr à son arrivée. Elle venait d'un lieu où elle avait grandi, mal peut-être. Un lieu qui l'avait changée, au point que sa famille lui avait semblé étrangère à son retour. Elle n'était plus la même. Elle n'était plus Iseult Claudia Burton, cette adorable jeune fille pleine de vie. Elle était normale avant. Et à présent, une part d'elle était monstrueuse, une partie qu'elle craignait et haïssait à la fois. Non, elle n'était pas comme les autres. Pas comme ceux qu'elle voyait défiler à la librairie chaque jour. Elle les enviait, parfois. Comme ce couple de jeunes amoureux. Ou cette femme d'âge mûr semblant absorbée par Proust. Son présent et son passé semblaient être deux choses totalement dissociées. Elle n'était plus qu'une ombre aujourd’hui, une ombre qui se réfugiait dans cette librairie qui voulait bien l'accueillir. Personne ne la voyait, jamais. Elle n'existait qu'à travers sa fonction, lorsque, parfois, l'un des clients recherchait un renseignement et semblait apercevoir pour la première fois la petite libraire. Et pourtant, cette situation ne semblait nullement l'ennuyer, au contraire. Être invisible était toujours bien plus facile, n'est-ce pas? Elle ne pouvait craindre ainsi que quelqu'un ne découvre un jour son secret. Oui, elle était étrange, et même intrigante. D'une intelligence rare et pourtant trop peu loquace pour paraître sympathique.

    Un vent frais balaya ses longs cheveux bruns tandis qu'elle marchait pour se rendre à la librairie. Elle ne portait pas de montre, mais elle savait qu'elle était en retard. Elle avait voulu jouer de son violon, ce matin là, ne se souciant guère des râles de ses voisins qui ignoraient pratiquement tous son existence. Elle ne pouvait que difficilement se passer de cette sensation de plénitude que lui procurait la caresse de l'archet sur les cordes de cet instrument qu'elle aimait tant. Il s'agissait là de l'une des seules choses qui la reliaient au passé, et surtout qui la rendaient un tant soit peu nostalgique, car dans ces moments là, à l'instar des notes de musique, elle se sentait libre. Plus rien d'autre n'existait, pas même cette sombre partie d'elle qu'elle tentait sans cesse d'oublier. Elle se sentait vivante. Mais il ne fallait malheureusement que peu de temps pour que ces délicieuses sensations ne se dissipent. Elle devait revenir à la réalité. Prendre sa veste, ses clefs et sortir afin d'aller travailler. Le froid mordait ses mains et ses joues. Elle regrettait déjà de ne pas avoir pris de gants. Elle n'avait pas de voiture. Elle n'avait même jamais passé le permit de conduire et détestait les transports en commun. Se trouver seules au milieu d'autres personnes l'angoissait. Elle ne pouvait s'empêcher de craindre le réveil de celui qui était son ennemi intérieur.

    Une journée semblables à tant d'autres. Et pourtant Iseult ne se lassait pas de cette odeur persistante de vieux papier, ni même de sentir les reliures des plus beaux livres de la boutique sous ses doigts. Elle aimait les mots utilisés pour écrire une histoire. Elle aurait également voulu mettre les siens sur papier, parfois, mais elle était consciente de ne pas en avoir le talent, ni même l'envie. Ses souvenirs à elle était bien trop sombres et douloureux pour pouvoir être exposés sans le moindre dommage. C'était aussi pour ça qu'elle s'était installée si loin de sa ville d'origine. Personne ne la connaissait. Ne savait d'où elle venait, ce qu'elle était. Et personne ne s'y intéressait réellement. Mais c'était ce qui rendait son existence si simple. Elle ne se souciait que du quotidien. Elle s'était faite à la solitude. Elle n'avait pas eu le choix. Il lui semblait parfois avoir oublié ce que pouvait bien signifier le mot amitié. La solitude était son unique compagne. Elle l'avait apprivoisée, au fil du temps. À présent, elle vivait dans son ombre. Peut-être s'y complaisait-elle, au fond. Elle ne se sentait pas apte à analyser sa propre façon de vivre. Elle se contentait de faire ce qui lui semblait préférable au vu de sa situation. Elle vivait ses journées comme si elle en était absente, effectuant des gestes machinaux, habituels au point qu'ils ne nécessitaient plus pour elle la moindre réflexion. Il lui semblait parfois qu'elle ne vivait qu'au travers des romans qu'elle dévorait par dizaines, de la poésie, ou encore des pièces de théâtre.

    Pourtant, il y avait quelque chose qui lui plaisait dans le fait de vivre telle une anonyme. Elle n'avait de compte à rendre à personne. Elle ne vivait que pour elle-même, se contentant d'observer ceux qui allaient et venaient, à la recherche d'un volume précis, ou simplement pour flâner entre les rayons. Elle aimait à les regarder, tentant d'analyser quelle pouvait être leur existence, ou bien simplement de leur en inventer une. Ceux dont elle se sentait si étrangère, comme si elle vivait derrière des murailles que nul n'aurait pu franchir.

    Elle jeta un coup d'œil à travers la vitre. Déjà, le ciel s'assombrissait. La librairie se vidait peu à peu. Les londoniens craignaient pour la plupart de rentrer chez eux seuls la nuit, ce que devrait faire Iseult une fois la fermeture effectuée. Elle aurait pu avoir peur. Ce n'était pas le cas. Elle n'était ni une prostituée, ni ce que l'on pouvait appeler une fille de mauvaise vie. Mise à part après la fermeture de la librairie, elle ne trainait que tard le soir dans les rues de Londres. Elle était invisible. Et pourtant, elle savait ne jamais pouvoir être sûre d'être en sécurité. Mais ce n'était pas ce meurtrier en liberté qu'elle craignait le plus. C'était elle-même, ou plutôt ce qu'il y avait en elle et qui était susceptible de se réveiller à tout instant.

    Elle ne l'avait pas vu entrer, ni même entendu, plongée dans ses pensées. Déjà elle commençait à ranger les livres qui avaient été déplacés dans de mauvais rayons. Bientôt elle inviterait les éventuels derniers clients à quitter les lieux. Puis elle fermerait la librairie et commencerait à faire les comptes de l'argent gagné dans la journée. Non, cette soirée n'était pas supposée être différente des autres. Jusqu'à ce qu'elle se retourne, et l'aperçoive, son œil attiré par un léger toussotement.
    Elle n'avait pas oublié leur première entrevue. Il avait un visage et une attitude reconnaissables. Et puis, il était rare que quelqu'un s'aperçoive de sa présence. Il l'avait agacée, et pourtant, elle était parvenue à conserver son calme. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il revienne, mais tenta pourtant de masquer sa surprise en conservant un ton neutre.


    « Vous désirez? »


    Elle tentait de laisser penser qu'elle ne l'avait absolument pas reconnu. Et pourtant, ses doigts se crispèrent autour des livres qu'elle portait et son regard trahissait une certaine impatience. Elle semblait craindre ce qu'il se préparait à faire. Oui, elle se méfiait. Elle n'avait pas l'habitude d'être abordée de cette façon et préférait rester sur ses gardes.
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Manzo C. Wooler
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MessageSujet: Re: It's a new day and I'm feeling good [Iseult]   It's a new day and I'm feeling good [Iseult] EmptyMar 8 Déc - 4:04


Tousser était loin d’être l’une des manières les plus fines pour attirer l’attention d’une personne. Lui adresser la parole aurait probablement été un peu plus audacieux, notamment en tant que client dans cette librairie. Il faut avouer qu’aborder ainsi la pauvre libraire semblait plutôt impoli. Un « s’il vous plaît » ou encore un « pardonnez-moi mais… » aurait sans aucun doute fait meilleure impression. Cependant Manzo avait beau avoir été très bien éduqué, il lui arrivait encore souvent d’agir ou de parler de façon déplacée…


Avant même que la jeune femme ne lui ait adressé la parole, un sourire s’était esquissé sur les lèvres de notre homme, lui donnant un petit air agréable comme si ce n’était qu’un sourire de politesse, mais qui cependant semblait à la fois un peu « suspect ». À vrai dire, son sourire semblait toujours un peu « suspect ». Chaque fois celui-ci vous donnait l’impression que Manzo avait quelques idées louches derrière la tête, et cela pouvait même le rendre effrayant à certaines occasions. Par ailleurs il était rare qu’on lui dise qu’il avait un beau sourire, tant il était bizarre. Généralement, lorsqu’on cherchait à décrire celui-ci on utilisait les termes de « sadique », « démoniaque », ou encore « pervers ». Ces adjectifs étaient forts et même très peu élogieux, mais il n’en avait strictement rien à faire. En réalité ils ne faisaient que l’amuser. Après tout, tant que lui-même savait que ces mots ne lui correspondaient absolument pas - quoiqu’il lui arrivait tout de même d’être sadique -, il ne se souciait pas vraiment du fait qu’on puisse les lui attribuer. Au diable les opinions des gens!

Les mains dans les poches et l’allure complètement décontractée, Manzo s’adressa lentement à la libraire. Sa voix grave donna un aspect presque langoureux à son intonation.


Simplement m’excuser.

Son sourire s’étira encore un peu plus et brusquement il poursuivit :

À moins que vous n’ayez déjà oublié?

Cette question était purement provocatrice. Il avait bien remarqué son faux air indifférent et le ton neutre qu’elle avait employé, comme si elle s’était adressée à un client quelconque, ce qu’il n’était justement pas.

Sa tête se pencha légèrement sur la gauche tandis que ses yeux noirs fixaient à présent son interlocutrice. Oui, Manzo était effrayant. Pourtant il était clair qu’il ne préparait absolument rien de mauvais. Sans doute se plaisait-il à installer un mal aise chez les personnes auxquelles il s’adressait et qui surtout ne le connaissaient absolument pas. Ce devait être un peu comme un jeu pour lui qui avait toujours eu l’habitude de faire peur aux autres à cause de ses bizarreries, et cela depuis sa plus tendre enfance. Néanmoins, était-il vraiment nécessaire d’agir ainsi avec cette pauvre jeune femme? Ce n’est certainement pas de cette façon que l’on réussit à obtenir le pardon de qui que ce soit, n’est-ce pas?

Manzo ne laissa pas à la petite libraire le temps de lui répondre que ses yeux se rivèrent tout d’un coup sur le rayon qui se trouvait juste à côté de lui. C’était celui des noms d’auteurs commençant par la lettre « W ». L’attention de notre homme fut attirée par le nom d’Oscar Wilde, et plus particulièrement par
Le portrait de Dorian Gray. Un très bon roman. Manzo se saisit du livre et se mit à le feuilleter, semblant avoir déjà oublié qu’il était censé « discuter » avec la jeune femme qui se trouvait face à lui. Pourtant il s’adressa très vite de nouveau à elle, redressant sa tête pour lui sourire.

J’adore ce livre! Vous l’avez déjà lu j’imagine? Il est très intéressant, mais je dois vous avouer que le chapitre qui fait office d’ellipse m’a un peu ennuyé. Vous savez, celui qui raconte toutes les connaissances acquises par Dorian.

Manzo referma le livre et le rangea à sa place, prenant soin de le remettre exactement là où il se trouvait, histoire d’épargner du travail en plus pour la pauvre libraire, puis il se mit à observer la jeune femme, semblant ne prêter aucune attention au fait qu’elle puisse répondre ou non à sa dernière question. On ne put pas vraiment dire qu’il l’observait, mais plutôt qu’il la reluquait à en voir la façon dont ses yeux s’étaient d’abord rivés sur ses pieds avant de remonter jusqu’à son visage, graduellement. On aurait presque pu croire qu’il était une espèce de pervers à en voir la façon dont il avait observé ce petit corps frêle qui se présentait à lui, et pourtant ce n’en était pas le cas. En réalité il arrivait souvent à Manzo d’examiner ainsi ses interlocuteurs. Il oubliait simplement - et souvent - que ce genre d’attitude était assez impolie et surtout gênante pour les autres.

Une fois ses petites « observations » terminées, Manzo, le visage soudainement un peu plus neutre et moins souriant, arqua légèrement ses sourcils et reprit la parole.


Comment vous appelez-vous au fait? Je ne crois pas que je vous l’ai demandé la dernière fois.

Manzo desserra son écharpe, puis remit ses mains dans ses poches. Il détourna un court instant son attention vers l’extérieur. Il faisait déjà un peu plus nuit qu’au moment où il était entré dans le magasin. C’était fou comme le soleil se couchait vite en hiver.

Moi c’est Manzo.

Notre homme sourit à la libraire. Sans doute n’en avait-elle franchement rien à faire de son prénom, et il était clair qu’il ne pouvait que l’importuner. Elle, elle devait simplement désirer qu’il s’en aille et qu’il la laisse tranquille. L’heure de fermeture du magasin approchait à grands pas, et lui il n’avait pas trouvé mieux que de venir l’aborder maintenant. Certes il ne pouvait pas faire autrement puisque lui aussi travaillait dans un magasin et de ce fait, quittait son travail environ à la même heure que cette fille. Pour autant il aurait parfaitement pu ne jamais venir ici.

Manzo redressa un peu la tête. Derrière la libraire, l’étudiant qui se trouvait encore dans le magasin flânait entre quelques rayons. Peut-être cherchait-il un livre en rapport avec ses études, ou bien venait-il juste perdre un peu de temps ici. En tout cas, notre cher et tendre quarantenaire n’attendait qu’une chose, que celui-ci s’en aille. En effet, Manzo n’avait pas l’intention de laisser la jeune femme seule après la fermeture du magasin. La dernière fois il n’avait pas été assez persévérant, alors aujourd’hui il tenterait de faire mieux. Autrement dit, il ne lâcherait pas l’affaire tant qu’il ne réussirait pas à percer ne serait-ce qu’à peine la bulle qui semblait entourer cette jeune femme plutôt énigmatique.
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Iseult C. Burton
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MessageSujet: Re: It's a new day and I'm feeling good [Iseult]   It's a new day and I'm feeling good [Iseult] EmptyLun 14 Déc - 23:09

    Que lui voulait-il exactement? Elle était incapable d'éprouver autre chose que de la méfiance. Tout en lui jusqu'à ce sourire qu'il arborait lui donnait envie de l'éviter le plus possible. Tout cela ne présageait rien de bon. Que quelqu'un puisse s'intéresser à elle, ne serait-ce qu'un peu était très mauvais signe. De plus elle détestait la manière dont il la regardait, dont il s'adressait à elle. Comme si cette situation l'amusait. Comme s'il ne désirait qu'une chose, la pousser à bout, la voir sortir de ses gonds. Crier, s'énerver.
    Elle lui aurait volontiers ôté ce sourire de la figure. Que croyait-il faire? Elle faisait tut pour conserver son calme, mais sentait pourtant son sang bouillir dans ses veines. Elle n'aimait pas être importunée, et ne put s'empêcher de lui lancer un regard noir, espérant que cela suffirait. Mais évidemment que cela ne suffirait pas. Il semblait être particulièrement entêté. Le moindre de ses gestes, la moindre de ses paroles semblaient lourds d'arrières pensées. Elle détestait ne pas savoir. Ne pas savoir s'il désirait simplement se jouer d'elle, ou si ses desseins étaient bien plus malveillants. Et elle avait beau l'observer, elle ne parvenait pas à le déterminer. Elle se sentait impuissante. Elle aurait aimé qu'il ne l'ait jamais remarquée. Mais elle ne pouvait que se taire et espérer qu'il ne se lasse. Et qu'il ne sache pas réellement qui elle était. Elle s'en voulait. Elle n'avait visiblement pas su se faire suffisamment discrète et à présent il était trop tard.

    Mais voilà à présent qu'il s'excusait. Elle se sentait désorientée. Se moquait-il encore d'elle? Elle aurait aimé le savoir, et pourtant ne comptait pas lui poser la question. Il était hors de question qu'elle fasse seulement mine de s'intéresser à ce qu'il lui voulait à elle. Elle se comporterait comme une vendeuse lambda. Bien sûr qu'elle ne l'avait pas oublié. Comment oublier une rencontre qu'elle avait trouvé si désagréable? Il était en effet extrêmement rare que quelqu'un cherche à lui adresser la parole, encore moins pour s'amuser. Si elle restait devant lui, ce n'était que par pure politesse, bien qu'à ce moment précis, elle avait davantage envie de le mettre dehors.

    Voilà qu'il attrapa un livre derrière elle, et il ne s'agissait pas de n'importe quel livre mais de ce si fameux roman d'Oscar Wilde qu'elle avait maintes fois lu et relu. L'un de ses favoris. Si elle avait été mieux disposée à son égard, peut-être aurait-elle pu entamer un semblant de conversation au sujet de ce livre. Mais elle n'en avait ici absolument pas la moindre intention. D'autant plus qu'il se fichait visiblement de ses réponses. Elle ne parvenait pas à le suivre. Oui elle connaissait ce passage. Pour quelle obscure raison se mettait-il soudain à l'entretenir de ce livre?

    « Vous désirez l'acheter? »

    Son ton témoignait plus d'agacement qu'elle ne l'aurait désiré. Elle avait de plus en plus de mal à se contenir. Il replaça le livre. Elle regretta presque qu'il l'ait remis parfaitement à sa place, songeant que cela lui aurait donné un prétexte pour laisser libre cours à son agacement. Elle avait l'impression de parler à un mur. Il ne l'écoutait pas, il ne s'adressait d'ailleurs pas réellement à elle. Il parlait, parlait, uniquement pour l'agacer sans doute.
    Elle supporta très mal la manière dont il la regarda. Trop habituée à être invisible sans doute, elle n'avait pas l'habitude d'être scrutée de cette façon. Elle s'en sentit réellement mal à l'aise, et tenta de ne pas y prêter attention, en vain. Pour la première fois, elle baissa les yeux. Qu'il arrête ce jeu stupide et sans aucun sens. Ne comprenait-il pas qu'elle désirait simplement la tranquillité? Elle ne voulait pas qu'on lui parle, qu'on lui pose des questions, encore moins que l'on cherche à la connaître. C'était plus facile, pour cacher ce qu'elle était. Il ignorait tout d'elle. S'il l'avait su il aurait été peut probable qu'il lui eut parlé de cette façon. Sans doute aurait-il eut peur. L'aurait trouvée monstrueuse. C'était ce qu'elle était après tout. Un monstre.

    Voilà qu'il lui donnait son prénom, et lui demandait le sien. Elle ne savait que trop bien ce que cela signifiait. C'était la première étape que traversaient des individus lorsqu'ils se rencontraient. Une étape qu'elle ne voulait pas franchir. Elle n'avait pas la moindre envie de le connaître. Comme si elle avait besoin de cela. Quelqu'un qui tente de percer la muraille qui se dressait autour d'elle. Il n'y parviendrait pas. Elle y veillerait.

    « Je ne vois pas pourquoi vous voulez connaître mon nom. »

    Pour une fois, elle regrettait que la librairie ne soit pas bondée de clients. Elle aurait eut ainsi de quoi s'occuper, et n'aurait nullement eu besoin de rester à écouter ce qu'il pouvait lui raconter. Cependant, la chance lui sourit, puisque lorsqu'elle tourna la tête, elle aperçut l'étudiant qui se dirigeait devant la caisse de la librairie avec quelques volumes sous le bras. Si elle l'avait osé, elle aurait soupiré de soulagement. Au lieu de cela, elle regarda de nouveau Manzo et s'adressa à lui d'un ton absolument glacial.

    « J'ai du travail. »


    Elle tourna les talons et se dirigea vers son clients. Elle prit les livres et en lut les étiquettes. Étrangement, elle lui indiqua la somme qu'il lui devait avant même d'avoir tapé les chiffres sur la machine. Elle avait toujours été douée pour les calculs de tête. Elle était intelligente, réellement intelligente, ce qui ne paraissait qu'à travers ce type de petits détails. Son client, après avoir réglé, repris l'objet de son achat et quitta la librairie. Iseult regarda l'horloge murale. En temps normal, elle n'était pas supposée fermer avant au moins une vingtaine de minutes. Mais elle ignorait combien de temps elle pourrait encore supporter sa présence. Et visiblement, il ne semblait rien vouloir acheter. Elle tourna la tête vers lui.

    « Vous devriez partir, je vais fermer. »


    Une invitation qui sonnait davantage comme un ordre. Dehors il faisait déjà nuit. Elle avait l'intention d'effectuer une partie du rangement et de rentrer ensuite chez elle. Elle n'avait aucune envie qu'il ne décide de lui faire de nouveau la conversation.
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Manzo C. Wooler
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MessageSujet: Re: It's a new day and I'm feeling good [Iseult]   It's a new day and I'm feeling good [Iseult] EmptySam 19 Déc - 3:54

Cherchait-il vraiment à s’amuser avec elle? Non, ce n’était pas la véritable intention de Manzo. Certes il était un homme assez joueur, voire sadique - mais sans excès -, pour autant il n’était pas du genre à prendre plaisir à pratiquer de petits jeux malsains. Se montrer tout à fait insupportable pour la faire sortir de ses gonds était loin d’être son but précis, pour autant et vu la façon dont il se conduisait avec elle, c’était ce qu’il faisait. Manzo avait toujours été extrêmement extraverti mais parfois il était aussi maladroit. Peut-être était-ce dû au fait que finalement les relations humaines n’avaient jamais été son fort, probablement parce que lorsqu’il était enfant il était plus rejeté qu’apprécié. Lorsqu’on dit que « l’Enfant est le père de l’homme »… Freud était un homme perspicace!

Il s’excusa mais cela ne sembla aucunement la toucher. Sans doute l’avait-il trop ennuyée la dernière fois pour qu’elle accepte de le pardonner maintenant. Il la comprenait. Ou tout du moins il avait cerné les raisons qui avaient pu pousser la libraire à ne pas prendre ses excuses en compte. C’était un bon début. Il ne sut pas non plus si elle l’avait déjà oublié, mais bien sûr il se doutait que ça n’en était pas le cas contrairement à ce qu’elle essayait implicitement de lui faire croire. Avait-il véritablement bien fait de s’obstiner à lui adresser la parole par la suite, alors même qu’elle ne semblait pas désirer s’ouvrir à lui dès le départ de leur « conversation »?

Manzo avait attrapé le livre d’Oscar Wilde, avait donné son avis à propos de celui-ci, puis l’avait rangé. Bien entendu il n’avait pas prêté attention à la question de son interlocutrice entre temps, et pourtant il l’avait bel et bien entendue. Il s’était douté que ce type de question ne faisait que trahir l’ennui qu’elle devait éprouver en sa compagnie et il avait donc préféré l’esquiver, faisant mine de ne pas l’avoir remarquée. De toute manière il ne voulait pas de ce livre puisqu’il l’avait déjà chez lui. Quel intérêt aurait-il eu à le racheter? Certes, elle ne pouvait pas s’avoir tout ça puisqu’elle ne connaissait absolument pas Manzo. Notre homme avait ensuite observé la libraire non pas dans le but de deviner ses formes sous ses vêtements, mais justement pour tenter de cerner une partie de sa personnalité à travers sa simple façon de se vêtir. Ce que les gens portent représente souvent ce qu’ils sont ou encore ce qu’ils cherchent à être. Selon les petites observations de Manzo son interlocutrice ne devait pas chercher à être qui que ce soit mais à rester elle-même. Elle devait être aussi tout à fait simple à en juger ses vêtements. Ce genre d’informations pouvaient sembler futiles, cependant pour Manzo elles étaient très loin de l’être.

Il lui avait demandé son nom, mais elle ne le lui dévoila pas. Décidemment il était déjà clair que cette fille lui donnerait du fil à retordre, mais n’était-ce pas ce qui la rendait si intéressante? Moins on en dit et moins on en montre, et plus on attise la curiosité des gens. Malheureusement pour elle, notre homme était justement très curieux et le fait qu’elle refuse de lui répondre l’excitait, le poussant encore un peu plus à chercher à la connaître. On aurait dit un gosse qui découvrait un nouveau jouet et qui s’extasiait de voir qu’il y avait toujours de nouvelles choses à pouvoir dévoiler.

Un bref sourire s’était esquissé sur les lèvres de Manzo tandis qu’il avait retenu un petit rire alors qu’elle lui disait qu’elle ne voyait pas pourquoi il désirait connaître son nom. Fallait-il donner des arguments de nos jours avant de demander son nom à une personne? Il aurait pu prétendre que dans les centres commerciaux, les caissières, les vendeurs et conseillers portaient des étiquettes avec leurs noms et que le fait qu’elle n’en porte pas le dérangeait au point qu’il avait besoin de savoir comment elle s’appelait, mais ç’aurait été tout à fait stupide et tordu comme argument. D’ailleurs s’il aurait dit cela, elle lui aurait certainement encore jeté un regard noir et cela n’aurait avancé Manzo en rien.

Entrouvrant sa bouche, il s’était préparé à lui répondre qu’il n’était pas impoli de demander le nom d’une personne et qu’il ne voyait donc pas en quoi cela pouvait la gêner, mais à son grand désespoir - en même temps qu’à son grand espoir -, l’étudiant vint se présenter à la caisse. Une bonne occasion pour elle de le fuir et de s’épargner ses paroles et son importunité. Pourtant, cela ne l’empêcherait pas de continuer de squatter la librairie en attendant que le dernier client - ou plutôt l’avant-dernier puisqu’il restait Manzo - quitte la librairie. Notre homme profita de son petit instant de solitude pour jeter un œil au fameux rayon des « W », manquant par la même occasion le calcul rapide de la jeune femme. À vrai dire il n’avait prêté aucune attention à ce qu’avait pu dire ou faire la libraire ou l’étudiant à cet instant là car il n’avait fait que surveiller du coin de l’œil le départ du jeune garçon sans se soucier de quoi que ce soit d’autre. De plus Manzo n’était pas tout à fait observateur. Néanmoins il avait une mémoire visuelle presque excellente!

Il fallut à peine quelques minutes plus tard un instant de réflexion à Manzo avant qu’il ne cerne que la libraire venait de s’adresser de nouveau à lui. Il avait d’ailleurs brusquement tourné la tête vers elle lorsqu’il comprit qu’elle lui avait parlé, et avait entrouvert sa bouche, se retenant de lui lancer un « quoi? » pour prendre le temps de se répéter dans sa tête ce qu’on avait pu lui dire et ainsi le comprendre. Lorsque ses neurones réussirent enfin à se reconnecter et qu’il cerna les paroles de la jeune femme, il haussa les sourcils et ferma sa bouche, l’observant un instant avec un air un peu perplexe. Venait-elle bien de lui ordonner de partir? Visiblement, oui. Elle croyait qu’on chassait si facilement que ça un Manzo de chez soi? Et bien non, un Manzo ce n’est pas très docile justement.

Posant ses doigts sur une rangée de livres comme s’il s’apprêtait à se saisir de l’un d’eux, tentant par là de mimer le fait qu’il avait encore des choses à faire ici alors que ça n’en était pas le cas, il s’adressa calmement à elle, comme si presque de rien n’était.


Je n’ai pas le droit de rester ici jusqu’à la fermeture du magasin? Vous venez bien de dire que vous allez fermer et non pas que vous êtes en train de fermer, non? Ou alors j’ai mal compris votre message.

Manzo prit un air interrogatif, comme s’il semblait véritablement ne pas tout à fait cerner le message dont elle avait pu lui faire part. C’était encore un petit jeu de sa part afin de pouvoir rester un peu plus longtemps ici, un petit jeu qui certainement ne serait pas d’une grande efficacité, et il le savait parfaitement. Mais c’était toujours un moyen de tourner autour du pot et d’allonger leur « conversation » si l’on pouvait réellement appeler ainsi la chose.

Manzo détourna son attention vers les livres, et il attendit que la libraire commence à ouvrir la bouche pour prendre la parole afin de la lui couper en plein élan.


Je vous ennuie, n’est-ce pas?

Ses yeux se rivèrent brusquement sur elle et son regard devint assez noir, comme s’il faisait un reproche à la jeune femme à travers ses paroles. Pourtant ce devait plutôt être elle qui avait des choses à lui reprocher vu la façon dont il se conduisait avec elle. Impulsif et imprévisible étaient des adjectifs qui déterminaient parfaitement Manzo, mais une personne comme lui n’était pas forcément des plus agréables à côtoyer à certains moments, et plus particulièrement ce soir-là.

Empêchant encore une fois la libraire de prendre la parole, Manzo poursuivit après une inspiration :


Si je ne vous ennuyais pas vous m’auriez répondu lorsque je me suis excusé, et vous n’aurez exprimé aucune gêne à me dire votre prénom. Il n’y a qu’aux gens qu’on aimerait pouvoir éviter qu’on ne donne pas son nom parce qu’on déteste parler de soi aux gens que l’on n’aime pas.

Fixant la jeune femme dans le blanc des yeux, Manzo se mit à sourire. Cette fois-ci son sourire sembla pour une fois véritablement sympathique et non si bizarre, bien que son habituelle esquisse le rendait toujours aussi particulier. De même, son regard s’adoucit un peu tandis qu’il avait ajouté ces deux dernières phrases. Imprévisible, oui, il l’était tout à fait lorsqu’on voyait à quel point il pouvait soudainement changer de comportement.

Maintenant, la libraire pouvait lui répondre, il ne lui couperait plus la parole. Manzo avait simplement tenu à terminer de s’exprimer avant de la laisser parler à son tour. Il n’aimait généralement pas qu’on l’empêche de dire tout ce qu’il avait à dire. Encore l’un de ses nombreux défauts…
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Iseult C. Burton
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MessageSujet: Re: It's a new day and I'm feeling good [Iseult]   It's a new day and I'm feeling good [Iseult] EmptyVen 22 Jan - 20:18

    Ce n'était pas une vie. Elle restait, là dissimulée dans les rayons de sa librairie, et craignant une nouvelle crise qui dévoilerait au monde entier ce qu'elle était réellement. Ou pire, une crise qui la pousserait à faire du mal à quelqu'un. Elle n'était pas comme les autres. Ces autres qu'il lui arrivait souvent d'observer, cachée derrière un rayon, ou bien à l'ombre d'une ruelle. Elle les enviait. Elle enviait leur insouciante existence, faite de joies et de peines, constituées d'insignifiants éléments qui forgeaient leur quotidien. Elle aurait aimé en faire partie. Pouvoir rire et s'amuser. Sortir avec quelques amis. Rougir lorsque quelqu'un lui faisait un compliment. Et tant d'autre chose dont elle était en réalité absolument incapable. Elle ne serait jamais plus normale. Toujours, elle vivrait avec cette ombre qui l'habitait, dans la crainte et l'appréhension que celle-ci ne s'éveille. Elle haïssait ces instants où elle perdait tout contrôle d'elle même, elle haïssait devenir le jouet de sombres desseins qui n'étaient pas les siens. Elle était incapable de sourire, et encore moins de rire. Incapable d'insouciance et de toute forme de joie. Son existence ne semblait guère vouée au bonheur ou à tout autre but similaire. Elle préférait ne pas s'attacher. C'était plus facile, surtout lorsque l'on voyait quel monstre elle pouvait être. Un monstre qui avait été engendré par un monstre. Elle avait tué, et qu'elle le veuille ou non elle se savait capable de réitérer un tel acte.

    Elle détestait de nombreuses choses, et parmi celles-ci elle n'aimait pas particulièrement que quelqu'un l'ennuie, ou s'amuse à se moquer d'elle de la sorte. Elle ignorait qui il était, ni même ce qu'il voulait. Était-il en mal de distraction? Sans doute, pour perdre son temps à tenter de faire parler la petite libraire, qui visiblement était totalement contre cette idée. N'était-il pas évident qu'elle ne recherchait nulle compagnie? Le solitude lui suffisait, et elle s'en contentait parfaitement. Elle n'avait ni l'envie, ni le besoin de lier connaissance, et ce avec qui que ce fut.

    Le moins que l'on puisse dire était que le manège de cet homme était étrange. Il semblait s'intéresser à elle, la regardait fixement, puis l'instant d'après parlait sans sembler se soucier des réponses qu'elle pourrait fournir. Il était rare de rencontrer un tel entêtement chez quelqu'un. Elle lui avait déjà fait comprendre qu'elle préférait rester seule par son mutisme, mais lui ne désirait visiblement se soumettre à sa volonté. Elle n'avait aucune envie de l'encourager dans cette voie. Voilà pourquoi elle ne lui avait pas dit son nom, et voilà pourquoi elle refuserait de répondre à toute autre question qu'elle jugerait personnelle. C'était étrange. Un nom, au fond, ce n'était rien, ou pas grand chose. Des individus échangeaient le leur chaque jour. Mais pour Iseult, cela signifiait le début d'un rapprochement, une idée qui ne lui plaisait guère en vérité, pour elle qui bannissait toute forme de rapport humain.

    Malheureusement pour elle, en tant que libraire, si elle n'était nullement forcée d'engager une conversation avec lui, elle se devait cependant de se montrer polie et correcte avec lui. Après tout, il s'agissait d'un client comme un autre, et elle n'avait aucune envie qu'il ne risque de se plaindre et de la faire renvoyer. Elle ne tenait qu'à peu de choses, et cet emploi en faisait partie. Il lui permettait de passer ses journées auprès de volumes qu'elle adorait, et ainsi les rendre moins pénibles. Elle eut cependant envie de lui répondre en l'entendant rire à sa question. Elle avait très clairement le sentiment qu'il se moquait d'elle, et beaucoup de mal à le supporter. Elle aimait savoir à qui elle avait affaire, or ici, à part son prénom, elle n'en savait absolument rien.

    Elle avait été soulagée de voir le jeune étudiant désirer payer ses achats. Au moins pourrait-elle passer quelques minutes sans subir une remarque ou essuyer un rire. Cependant, ce soulagement ne fut que de très courte durée, car le fait qu'il vienne payer signifiait qu'il allait quitter la librairie, et qu'elle se retrouverait donc seule avec cet importun. Et elle n'en avait pas la moindre envie. Il fallait qu'il parte. Elle le lui avait demandé d'ailleurs, espérant qu'il l'écouterait et sortirait. Ainsi elle fermerait plus tôt, et rentrerait chez elle. Elle jeta un coup d'œil par la fenêtre. Il faisait nuit, et les ruelles étaient déjà bien sombre. Elle n'avait pas tellement envie de tarder.

    Malheureusement, comme elle s'en doutait d'ailleurs, le faire partir ne serait pas si aisé. Elle ne parvenait à savoir s'il jouait avec elle, ou s'il avait réellement mal compris, mais cette dernière hypothèse ne lui parut que peu probable. Il était évident qu'il était joueur. Que cherchait-il, à la faire sortir de ses gonds? Elle n'en avait pas la moindre envie, et pourtant, elle savait que cela arriverait s'il continuait. Elle voulut lui répondre, cette fois-ci agacée par un tel comportement à son égard. Mais il sembla attendre exprès qu'elle ouvre la bouche pour l'interrompre.

    Cette fois-ci, il avait réussi à la surprendre. Déroutée, elle ne savait plus quoi penser. Venait-il bien de lui demander s'il l'ennuyait? Depuis quand se souciait-il de ce qu'elle pouvait ressentir à son égard. Son regard avait changé, et, l'espace d'un instant, elle se demanda s'il n'allait pas lui sauter à la gorge. Mais il n'en fit rien. Il sembla suggérer qu'elle ne l'aimait pas. Puis, son expression changea de nouveau, et il se fit plus sympathique.

    Non, décidément, elle ne le comprenait pas, et sans qu'elle ne veuille se l'avouer, cela l'intriguait. Elle se surprit à se demander quel était son but, et surtout, pourquoi restait-il si ce n'était pas dans le simple but de s'amuser un peu à ses dépends. Elle avait maintes fois observé des gens, leurs réactions, leurs attitudes, et jamais elle ne s'était trouvée devant quelqu'un comme lui. Elle devait bien l'admettre elle était hésitante et déroutée, et malgré ses efforts, elle savait parfaitement qu'elle ne parvenait pas à le cacher. Elle soupira. Il lui fallut quelques instants pour répondre, d'un ton qui était bien moins assuré qu'auparavant.


    « Je ne vous déteste pas. Simplement je ne vous connais pas. Et je n'aime pas parler aux gens, ni répondre à leurs questions. Vous ne m'ennuieriez pas si vous ne passiez pas votre temps à vous moquer de moi. »

    Il était sans doute stupide de sa part, de lui avoir dit qu'elle ne le détestait pas. Si elle le lui avait laissé penser, peut-être l'aurait-il laissée tranquille, enfin, en croyant que sa présence était à ce point indésirable. Elle ne l'était pas, contrairement à son attitude qui mettait hors d'elle la petite libraire, qui s'efforçait malgré tout de conserver un calme olympien. Mais il la perturbait également, et cela ne lui plaisait pas davantage. Elle n'avait pas l'habitude de perdre ses moyens et se sentait alors impuissante. Elle reprit plus de contenance, ainsi que son habituel ton détaché.

    « A présent j'ai du travail. Si vous voulez bien m'excuser... »

    Elle tourna les talons. En fin de journée, elle avait toujours de nombreux rangements à effectuer. Un multitudes de livres s'entassaient dans certains coins, d'autres n'avaient pas été rangés à la bonne place par certains clients. Il s'agissait d'un travail qui n'était pas follement exaltant, mais qui devait être fait. Elle ne s'en plaignait pas, elle était consciencieuse dans sa tâche et avait fini par en avoir l'habitude. Il finirait bien par partir, voyant qu'elle était occupée, n'est-ce pas? Ou continuerait-il à la suivre dans toute la librairie? Elle n'en savait rien, et avait déjà compris qu'avec lui, il était inutile de tenter de faire d'anticiper ses faits et gestes. Cet homme était le plus imprévisible qu'elle ait jamais rencontré.
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Manzo C. Wooler
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MessageSujet: Re: It's a new day and I'm feeling good [Iseult]   It's a new day and I'm feeling good [Iseult] EmptyMer 27 Jan - 18:08

Manzo était un peu comme une sorte de marginal. C’était celui qui osait porter des jupes sans même se soucier du regard des autres, c’était celui qui n’hésitait pas à s’afficher avec des hommes tout autant qu’avec des femmes, c’était celui qui se faisait aussi souvent remarquer pour un rien comme pour une raison quelconque. Jamais personne n’avait probablement pu complètement le cerner, ne ce fut qu’une seule fois dans sa vie. Même ses parents avaient parfois du mal à comprendre leur propre fils. Il n’y eut peut-être encore que son frère qui su véritablement apprendre à le connaître. Manzo, celui qui fut comme le diable pour ses camarades à la petite école. Manzo, celui dont un meilleur ami lui avait piqué sa jolie petite copine à laquelle il tenait tant…


L’effrayait-elle, ou bien était-elle toujours ainsi, à éviter les autres? Par ailleurs, comment était-il possible d’être aussi farouche? Avait-elle pu être séquestrée durant des jours, des mois ou des années une fois dans sa vie pour se mettre à craindre les gens de cette façon? C’était cette manière qu’elle avait de s’isoler, ou toutes ces fois où elle se contentait de répondre par un ou deux mots lorsqu’elle ne restait pas muette, qui avaient autant attiré l’attention de Manzo. Cette fille n’était pas comme tout le monde, cela se faisait rapidement clair. Sans doute n’avait-elle pas eu un passé tout à fait « normal » pour être devenue ainsi. Lorsqu’on a une vie semblable à celle de tout autre membre de la société à laquelle on appartient, on ne peut pas être complètement différent des autres.

La petite libraire, dans son désir de se détacher des autres, ne se rendait finalement que plus intéressante. À force de cesser de se mêler à la foule, on finissait par ne plus voir qu’elle. Tout du moins, Manzo avait finit par ne plus voir qu’elle en pénétrant à Harlow’s Relics. Elle était devenue son principal point d’attention ici. Il allait falloir qu’il réussisse à découvrir quel était ce petit bout de femme si particulier, qu’importe serait la façon. Il voulait simplement tenter de la comprendre, ne serait-ce que partiellement. Pouvoir ensuite, qui sait, se vanter envers soi-même d’avoir réussi à connaître une personne que peu de gens connaissent. Ou bien pouvoir se vanter envers soi-même de connaître une personne assez unique en son genre.


Manzo était assez provocateur. D’une certaine manière, il avait toujours été provocateur, et cela même parfois sans qu’il ne cherchait à l’être. Il n’avait pas hésité à sous-entendre à cette jeune femme qu’il l’ennuyait, car il savait pertinemment qu’après cela elle se trouverait obligée de lui dire si cela en était le cas ou non, tout en ayant à se justifier. Elle serait obligée de lui répondre. Une vendeuse ne doit-elle pas se montrer respectueuse envers ses clients?

Avec toute attente, la libraire réagit face aux sous-entendus qu’il venait de lui lancer, et comme il l’avait espéré, elle lui donna des arguments afin de justifier sa réponse, expliquant qu’il ne l’ennuyait pas mais qu’elle ne le connaissait tout simplement pas. Ainsi il ne l’ennuyait pas? Cela était plutôt bon signe, Manzo savait qu’il restait sur une bonne voie. Pour le moment, il pourrait donc continuer son petit manège. Elle ne le connaissait pas? En quoi était-ce un problème, avant de se connaître, deux personnes sont toujours de totales inconnues. Si elle le souhaitait, elle pourrait apprendre à le connaître, n’est-ce pas? Et tant pis si cela prendrait beaucoup de temps. Manzo pouvait être patient. Très patient.

Comme elle avait pu si bien le lui montrer auparavant, elle lui ajouta qu’elle n’aimait pas parler aux gens. Il aurait fallu qu’il soit pire que stupide pour ne pas avoir encore pu le remarquer. Certes, que cela faisait-il? Il faudrait bien qu’un jour la demoiselle change d’avis. On ne peut pas vivre heureux en se coupant totalement du monde. Était-elle autrement masochiste pour s’infliger une telle souffrance que celle qu’engendrait la solitude? Enfin, lorsqu’elle lui dit qu’elle ne serait pas ennuyée s’il ne se moquerait pas d’elle sans cesse, Manzo étira son sourire en coin. Elle n’était pas la première personne à lui avouer qu’elle avait le sentiment qu’il se foutait pleinement d’elle. Il avait l’habitude de cette réflexion et celle-ci avaient finit par l’amuser à chaque fois. Néanmoins, lorsqu’il l’entendait, il faisait toujours des efforts par la suite afin de sembler moins désagréable.

Durant tout l’instant où elle lui avait répondu, Manzo était resté calme et silencieux, son si brusque sympathique sourire incrusté sur son visage. La réponse qu’elle lui avait donnée lui avait parfaitement convenu. Il n’avait rien eu à en dire. Pour la première fois sans doute elle venait de lui dire une phrase assez longue qui ne cherchait pas qu’à le chasser ou à le repousser. Elle avait répondu franchement à l’une de ses questions, sans chercher à la détourner. Pourtant elle aurait pu. Elle aurait pu continuer de le chasser du magasin sans prendre la peine de lui préciser s’il l’ennuyait ou non. Ètait-ce un « début »?

Alors que Manzo s’avouait déjà en lui-même victorieux et fier d’avoir réussi à provoquer cette petite faiblesse de la part de la libraire et qui l’avait poussée à lui répondre, elle ajouta qu’elle avait du travail, sous-entendant certainement par là qu’il fallait maintenant qu’il la laisse tranquille, voire qu’il quitte le magasin pour de bon s’il se déciderait enfin à le faire. Maintenant que Manzo avait réussi à s’obtenir une minuscule victoire, il savait qu’il ne devrait pas pousser le bouchon un peu plus loin. On n’obtient jamais rapidement deux victoires de suite. Il allait falloir qu’il la laisse un peu seule, en effet. Mais en même temps, l’idée de la quitter tout de suite et de ne pas la revoir avant plusieurs jours, lorsqu’il réussirait à revenir à Harlow’s Relics, ne lui plaisait pas vraiment. Manzo était un homme souvent pressé et il aimait que ses désirs soient réalisés au plus vite lorsque cela était possible. Alors, avant que la jeune femme qui venait de tourner les talons ne soit trop éloignée de lui, il lui adressa d’une voix qui se fit presque douce :


D’accord, je m’en vais. Mais avant cela, j’aimerais savoir si vous seriez d’accord pour continuer un peu notre conversation une fois que vous aurez quitté vous aussi cette librairie?

Manzo n’était pas complètement stupide. Il savait qu’il était plus que probable qu’elle refuse aussitôt. Cependant, avant même qu’elle n’ait le temps de lui répondre et afin de peut-être lui faire changer d’avis entre temps - ne sait-on jamais -, il poursuivit :

J’ai bien compris que vous n’aimez pas parler aux gens, mais avez-vous déjà fait cet effort auparavant pour être certaine de détester cela? Vous savez, je connais très peu de personnes qui n’aiment pas parler, sauf lorsqu’elles n’ont jamais essayé. Et si vous acceptez, je vous promets de ne plus jamais me moquer de vous.

Il n’avait jamais cherché à se moquer d’elle auparavant, mais puisqu’elle semblait en être persuadée, il s’était servi de cela afin de trouver un autre argument qui serait susceptible de la pousser un peu plus encore à accepter sa proposition.

S’il vous plaît, n’imaginez pas que j’essaie de vous séduire ou quoi que ce soit d’autre en vous invitant. Ce n’est pas du tout ce que je cherche à faire, vous pouvez en être sûre et certaine.

Notre homme n’était pas du genre à passer par quatre chemins lorsqu’il tentait de séduire une femme. À vrai dire, à l’âge qu’il avait actuellement, il ne voyait plus l’intérêt de tourner durant des heures ou des jours autour d’une demoiselle afin de lui faire la cour. Ce genre de pratiques, c’était plus pour les « jeunes » selon lui. Par ailleurs, les relations sérieuses n’étaient absolument pas ce qu’il cherchait, et lorsque Manzo désirait mettre la main sur une femme, ce n’était généralement que pour une nuit. Tenter de séduire cette petite libraire n’était donc pas son but, tout autant que de la mettre dans son lit. Par ailleurs elle semblait plutôt jeune. Il aurait parié qu’elle avait près d’une vingtaine d’années de moins que lui. Qu’aurait-il eu à faire à draguer une fille de cet âge-là? S’il aurait eu le désir de le faire et s’il l’aurait fait, elle l’aurait certainement pris pour une sorte de pervers.

Manzo mit ses mains dans les poches de sa veste. Ses yeux se posèrent sur la libraire, attendant désespérément que celle-ci se retourne vers lui pour lui répondre. De toute sa vie il n’avait probablement jamais espéré plus que maintenant que son interlocutrice lui réponde « oui » - et pourtant ce n’était même pas une demande en mariage! Pourvu qu’elle accepte, autrement sa soirée à venir lui semblerait probablement tout à fait ennuyante…
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